Transport et logistique : les enjeux autour de la chaîne d’approvisionnement

La rupture dans la chaîne d’approvisionnement affectée par les tensions géopolitiques, les catastrophes naturelles et les conséquences de la pandémie du Covid-19, demeurent parmi les enjeux majeurs. Retards, hausse des coûts et la problématique de la gestion des stocks sont les principales conséquences. Sans oublier les fluctuations dans les politiques commerciales mondiales, les tarifs, les accords de marché qui ajoutent encore plus d’incertitudes. 

L’évolution de la dynamique du commerce international affecte l’acheminement des marchandises, les prix et l’accès au marché. Les entreprises se doivent d’adopter une attitude agile et faire preuve de grande flexibilité.

Le secteur accuse une augmentation des prix dans de nombreux domaines, y compris le carburant (lié à la guerre en Ukraine), la main d’œuvre et les équipements. Par exemple, en Europe les taux de taxe routière ont également augmenté de manière significative. Pour le premier trimestre 2024, les taux de fret européen ont augmenté de 3,2 % en un an, en raison de l’augmentation du prix du pétrole et du manque de main d’œuvre. Les prix du gazole affichent une augmentation de plus de 52,7 % que l’année précédente, une conséquence majeure sur les coûts du transport.

La pression de l’inflation et les fluctuations des taux de change ajoutent à la complexité des coûts de gestion, apportant une complexité dans le maintien de la productivité sans reporter ces coûts sur les clients. Une situation qui affecte considérablement le chiffre d’affaires et les bénéfices des entreprises du domaine du transport. Faire appel aux technologies pour le groupement des livraisons afin d'optimiser les coûts d’expédition, ou pour consulter des données en temps réel sur les opérations, est une solution pour prévenir des pertes à long terme.

Les infrastructures du transport sont un maillon important de la chaîne, cependant beaucoup de pays éprouvent des difficultés à entretenir leurs autoroutes, leurs réseaux ferrés, leurs ports et aéroports. 

Les embouteillages, l’état médiocre des routes et le manque d’espace dans les entrepôts affectent considérablement le bon déroulement des opérations. Des ports commerciaux obsolètes, par exemple, peuvent se trouver limités en matière d’équipement pour la prise en charge de navires modernes et leur cargaison. Des unités de stockages inadaptées engendrent du surstockage ou à l’inverse du sous-stockage, puisque les entreprises ont du mal à trouver de l’espace pour leurs produits. 

Ces problématiques peuvent causer d’importants retards dans le transport de marchandises et en augmenter les coûts, rendre certaines zones et par conséquent certains marchés moins accessibles. Et lorsque la question de la sécurité est en jeu, exposer les chauffeurs et la marchandise à des risques.

Cette étude du groupe Descartes System & Sapio Research menée auprès de 1 000 prestataires logistiques parmi 9 pays d’Europe, au Canada et aux États-Unis, a révélé que 76 % des opérateurs logistique font face à un manque de personnel. Le secteur du transport est le plus affecté. Les entreprises peinent à trouver des conducteurs qualifiés et des responsables de chaîne d’approvisionnement.

Certes, les offres d’emploi dans le domaine du transport et de la logistique de la supply chain foisonnent, entre les profils d’opérateurs en entrepôt ou de conducteurs poids lourds, mais trouver les candidats s'ajoute à la liste des enjeux.
Au Royaume-Uni, le nombre de chauffeurs routiers a considérablement chuté depuis le Brexit, un manque de près de 100 000 conducteurs qualifiés. (Source : RHA UK, 2021).
La plupart des chauffeurs routiers approchent de l’âge de la retraite. Le bilan des données sociales du transport routier de marchandises publié en 2022, indique que 27,7 % des conducteurs routiers ont plus de 50 ans.

Selon le Boston Consulting Group en 2023, les activités liées au transport (aérien, ferroviaire, maritime, routier) représentaient près de 17 % des émissions carbone. En parallèle, le fret représente près du quart des émissions de CO² en Europe.

Avec la mise en place de régulations environnementales de plus en plus strictes (le pacte vert pour l’Europe projette une réduction de 90 %  d’ici 2050), les entreprises du secteur du transport et de la logistique doivent adopter des pratiques plus durables pour réduire leur empreinte carbone et répondre aux exigences des investisseurs et autres acteurs. 

Adopter une réflexion et un comportement plus propres par le biais des technologies telles qu’une flotte de véhicules électriques ou l’application de procédures logistiques plus durables, l’optimisation des itinéraires et la réduction des déchets, permettront aux entreprises de respecter ces régulations (et éviter ainsi les amendes ou pénalités), d’optimiser leur rendement et de réduire les coûts, tout en protégeant la planète. Des ajustements stratégiques et opérationnels majeurs sont néanmoins nécessaires, mais leur application prend du temps.

Hormis la conformité des régulations, la pression provient également des clients en recherche de rapidité, de transparence en temps réel, de flexibilité, de confiance et de pratiques durables. Pour y répondre, les entreprises doivent investir dans des outils de suivi innovants, afin d’améliorer l’offre de leur service client et leurs procédures logistiques.

Selon l’article de PwC, les entreprises majeures du secteur des transports et de la logistique favorisent l’expérience client par la prise en compte de la rapidité, le libre-service et la gestion multi-canal. Le retour d’expérience d’autres secteurs révèlent que ces améliorations contribuent à des taux de croissance plus élevés et permet de réduire les coûts d’au moins 25 %.